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Marie Fürstin Galitzin an Karl Hegel, Florenz, 20. März 1845

J’ai reçu, Monsieur, il y a plus de 3 mois votre bonne et aimable lettre, vous verrez plus tard pourquoi j’y réponds si tard – sachez seulement que sans qu’il y parût je mêts [mets] de l’empressement à vous répondre et que penser à vous, m’occuper de vous au sein de la douce Oasis qui s’est placée dans le désert sombre et glacé qui s’appelle ma vie, tout cela vous prouve mon affection – il est facile de mourir à ses Amis quand on a le cœur navré, le souvenir alors peut être entaché ou du moins suspecté d’intérêt personnel – mais il est si notoire que la joie rend égoïste, l’homme né pour souffrir ressemble si parfaitement au parvenu dès qu’il est heureux au parvenu qui se rengorge et oublie qu’en vérité il vous est deffendu défendu désormais de douter de l’intérêt que je vous porte et du prix que j’attache à votre affection pour moi. J’espère donc que vous m’écrirez et me donnerez de nombreuses nouvelles de vous, de Rostock, de Berlin, de la marche de règne de Dieu ~1 la semence Sainte lève-t-elle? Comment va votre Raue-haus? À propos, si vous apprenez ma mort, sachez que j’ai destiné 500 franc au Raue-haus de Rostock et 500 franc à celui de Hambourg dont vous voudrez bien vous charger n’est-ce pas? Adressez[-]vous pour cela à M. Fleursmyssin2 mon Banquier-Ami de Paris

J’espère que vous vous portez bien et je voudrois bien l’apprendre – persuadez-vous que je pense souvent à vous et avec bien du plaisir – je ne vous demande pas si vous m’avez tenu parole – un homme comme vous ne promèt promet jamais par entraînement mais touj. toujours par élan – et quand un homme come comme Vous a promis, d’ordinaire, il tient plus qu’il n’a promis – donc vous priez! que Dieu en soit béni mille fois! ma confiance en notre Père commun est si grande que je suis persuadée que vous êtes en progrès, que l’habitude de la prière vous en a fait connaître la puissance, l’autorité et la merveilleuse fécondité. De grâce, de grâce priez c‘est paru que Satan sait, le rusé compère, que Dieu ne refuse rien à celui qui prie, qu’il a touj. toujours mille mauvaises raisons à nous offrir pour nous empêcher de prier – et nous, malheureuses dupes, nous croyons à ce mystificateur! De grâce humiliez-vous en priant – ne craignez pas de vous faire petit en présence de la grandeur infinie – savez-vous le genre de prière qui apporte le plus de paix à mon âme? je me jette genoux et je dis: «Seigneur je suis mauvaise, détestable, antipathique à moi-même moi-même, je ne suis pas digne de me présenter devant vous » puis je me lève – toute réconfortée – avec la certitude d’avoir tout dit et le pressentiment d’avoir tout obtenu – Pardonnez-moi, chèr cher Monsieur, de vous dire tout cela – mais cela ne vous a pas fâché de près, cela ne vous fâchera pas de loin p. ê. peut-être – d’ailleurs fâchez-vous mais écoutez – je consens à votre colère à la condition que vous priez – quitte même à ne pas le savoir, pourvu que cela soit – au surplus, je m’en remèts remets à Dieu. J’ai quitté Berlin les 11 ou 12 Juin – je fis un effroyable voyage, obligée par ma maladie du cœur de m’arrêter à chaque pas et à Nuremberg, et à Augsbourg, et 28 jours à Munich – à propos, à Nuremberg j’ai vu votre famille, je vous assure qu’il y a là pour vous une gentille petite fiancée (si faire se peut) c’est Mlle Suzette de Tucher, votre Cousine Germaine – c’est une bonne nature simple, franche, droite, candide – plutôt bien que mal à l’extérieur, et pleine d’esprit et d’animation.3 À propos encore, comment va Mlle de Flotwell Flottwell?4 j’espère que sa santé est remise – à quand la noce? M. votre frère a déjà reçu un poste, je l’ai lu dans les Journaux, j’ai oublié ce que c’est – son beaupère beau-père le Ministre des Finance ne peut manquer de lui faire faire une belle carrière – parlez-moi de tout cela j.v.p. je vous prie – Donc, avec toutes ces rechûtes rechutes du cœur j’ai dû renoncer à la Suisse et je n’ai pû pu arriver aux bains d’Ischel qu’au 1er Août. Puis aussi, dans toutes ces rechûtes rechutes de nombreux Médecins ont palpé, et étudié mon pauvre cœur brisé, tous m’ont déclaré, vu mon courage (dans ce tems là temps-là mon courage n’était que l’indifférence pour vivre et mourir) m’ont déclaré, dis-je que j’étais mortellement frappée, que je ne guérirai jamais, mais que mon organisation granitique lutte contre la destruction et luttera p. ê. peut-être longtems longtemps encore si l’on me soigne et si on permit à ce cœur broyé par la malice du terrible genre humain de respirer «un peu au large» - ma maladie du cœur est triple : hypertrophie, dilatation et endurcissement – de plus l’eau court autour du cœur, du cerveau ~ de plus une inflammation chronique à l’épine dorsale ~ enfin un étât état si triste que le danger de mourir est le moindre de mes dangers: mon genre de maladie porte à la léthargie, les Médecins me voyant seule m’en ont avertie et m’ont donné en conséquence un papier pour les autorités du pays où une syncope me prendrait afin qu’on ne m’enterre pas vivante – tout cela n’est pas bouffon – tout cela c’est l’épreuve de la foi qui, en raison de je ne sais quelle importance attachée à ma vocation, doit dépasser sur tous les points les limites ordinaires et vraissemblables vraisemblables. À ce sujet je ne puis résister à vous conter qque chose quelque chose d’assez bizarre: j’avais 6 ans et 1/25, assise par terre á jouer avec une de mes compagnes, nous parlions de nos pêchés péchés, nous avions peur de la Justice de Dieu manifestée à nous par l’horribles image de l’Enfer

la petite me dit tous à coup qu’il y avoit avait un moyen d’être purifiée de tout pêché péché: il fallait pour cela trouver qqu’un quelqu’un qui eût la bonté de me tuer, parceque les pêchés péchés de la victime passant sur le doz dos de l’assassin – ignorant alors que qqu’un quelqu’un avait subi le supplice de la Croix pour, de mes pêchés péchés «rouges comme le cramoisi» faire chose «blanche come [comme] neige»! 6 avec tout l’égoïsme de l’enfance je me mis à demander instamment à Dieu de permettre que l’on me tuât – à l’âge de 6 ans, pénétrée d’admiration pour les martyrs, je me mis à désirer de toutes mes forces de mourir pour Dieu. –

Dieu a exaucé les 2 vœux de mon enfance: l’on m’a tuée – et je meurs pour Dieu.

Du reste, je ne sais pourquoi je crois que je ne mourrai pas encore – j’ai même le pressentiment que ma foi sera en partie couronnée dès cette vie…dans cette douce brised'espérance qui souffle dans mon âme est le mot de Dieu, le secret de Dieu, la délivrance de Dieu – mes effrayants oppresseurs doivent voir «le jour de Dieu» se lever au[-]dessus de ma tête vouée par eux à la mort -

Oui, chèr cher Monsieur, j’en suis là auj. aujourd’hui ! – à chaque pas des attentâts attentats à ma vie, des émissaires Russes envoyés par avance dans les endroits que je dois habiter ou parcourir pour y semer la calomnie, l’isolement et l’ouragan du désert autour de moi, seule, timide et mourante – les populations soulevées sur mon passage, les hommes me montrant le poing, les enfants me jettant jetant de la boue – le cri adieux: »la folle! la folle!» car ils me disent folle de peur qu’on ne croie à ce que je dirais – des éclats de rire à boût bout portant – ces regards particuliers qui s’adressent non à des créatures humaines mais aux choses ou aux aliénés. Et puis, pour vous, pour moi, pour la majorité des Êtres la folie est un malheur et non un crime, je ne sais comment ils expliquent ma folie à moi, mais elle soulève une indignation ricaneuse et cynique. À travers tout cela Dieu créant des miracles à chaque pas – je n’en dirais qu’un: à Inspruck j’avais demandé et obtenu une petite cariole carriole à un cheval, on m’envoya une calèche.7

[Übersetzung]

Ich habe, Monsieur, vor mehr als drei Monaten Ihren guten und freundlichen Brief erhalten, Sie werden später sehen, warum ich ihn so spät beantworte -, aber Sie sollen wissen, dass ich, obwohl es nicht so scheinen mag, eifrig darauf bedacht bin, Ihnen zu antworten, und an Sie zu denken, mich um Sie zu kümmern im Schoße der süßen Oase, die in der dunklen und eisigen Wüste, die sich mein Leben nennt, entstanden ist, all das beweist meine Zuneigung zu Ihnen – es ist leicht, seinen Freunden als tot zu erscheinen, wenn man ein betrübtes Herz hat; die Erinnerung kann dann beeinträchtigt sein oder zumindest des Eigennutzes verdächtigt werden – aber es ist so offenkundig, dass Freude selbstsüchtig macht, der Mensch, der zum Leiden geboren ist, gleicht so vollkommen dem Parvenü, sobald er glücklich ist dem Emporkömmling, der sich brüstet und vergisst , dass es Ihnen in Wahrheit von nun an verboten ist, an meinem Interesse zu zweifeln, das ich Ihnen entgegenbringe, und an dem Wert, den ich Ihrer Zuneigung zu mir beimesse. So hoffe ich, dass Sie mir schreiben und mir viele Nachrichten von Ihnen, aus Rostock, aus Berlin, vom Kommen des Reiches Gottes zukommen lassen werden – geht der Heilige Same auf? Wie geht es Ihrem Rauhen Haus? Übrigens, wenn Sie von meinem Tod erfahren, sollten Sie wissen, dass ich 500 Francs für das Rauhen Haus in Rostock und 500 Francs für das Rauhen Haus in Hamburg vorgesehen habe, um die Sie sich bitte kümmern mögen, nicht wahr? Wenden Sie sich dazu bitte an Herrn Fleurmyssin, meinen befreundeten Bankier in Paris.

Ich hoffe, dass es Ihnen gut geht, und ich würde dies gern erfahren – Seien Sie bitte gewiss, dass ich oft und gerne an Sie denke – ich frage Sie nicht, ob Sie Ihr Wort an mich gehalten haben – ein Mann wie Sie verspricht nie aus Gewohnheit, sondern immer aus dem Impuls heraus – und wenn ein Mann wie Sie etwas versprochen hat, hält er meist mehr, als er versprochen hat – also beten Sie! Gott sei tausendmal gepriesen! Mein Vertrauen in unseren gemeinsamen Vater ist so groß, dass ich davon überzeugt bin, dass Sie Fortschritte machen, dass die Gewohnheit des Gebets Sie seiner Stärke, seiner Macht und seiner wunderbaren Schöpferkraft bewusst gemacht hat. Bitte, bitte beten Sie, denn es scheint, dass Satan, der listige Mitwisser, weiß, dass Gott denen, die beten, nichts verweigert, sodass er Satan uns stets tausend schlechte Gründe anzubieten hat, um uns vom Beten abzuhalten – und wir, die unglücklichen Getäuschten, wir glauben diesem Betrüger! Bitte demütigen Sie sich im Gebet – haben Sie keine Angst, sich klein zu machen in der Gegenwart unendlicher Größe – kennen Sie die Art von Gebet, die meiner Seele den meisten Frieden bringt? Ich gehe auf die Knie und sage: „Herr, ich bin schlecht, ich bin verabscheuenswert, mir selbst zuwider, ich bin unwürdig, vor dir zu stehen “ und dann stehe ich – ganz getröstet – auf, mit der Gewissheit, alles gesagt zu haben und dem Gefühl, alles bekommen zu haben. – Verzeihen Sie mir, mein lieber Herr, dass ich Ihnen das alles erzähle – aber es hat Sie aus der Nähe nicht verärgert, aus der Ferne wird es Sie vielleicht auch nicht verärgern – im Übrigen, ärgern Sie sich nur, aber hören Sie mir zu – ich stimme Ihrem Zorn nur unter der Bedingung zu, dass Sie beten – Ich brauche sogar von Ihrem Beten gar nicht zu erfahren, vorausgesetzt, Sie beten tatsächlich – im Übrigen vertraue ich auf Gott. Ich verließ Berlin am 11. oder 12. Juni – Meine Reise war schrecklich, denn durch mein Herzleiden war ich gezwungen, bei jedem Schritt anzuhalten und sowohl in Nürnberg als auch in Augsburg, und 28 Tage in München – übrigens habe ich in Nürnberg Ihre Familie getroffen, ich versichere Ihnen, dass es dort eine nette kleine Verlobte für Sie gibt (wenn es sich machen lässt). Es handelt sich um Fräulein Suzette von Tucher, Ihre Cousine ersten Grades – sie ist eine gute, einfache, ungezwungene, aufrichtige, unschuldige Natur – eher gut als schlecht aussehend, geistreich und lebhaft. Übrigens, wie geht es Fräulein Flottwell? Ich hoffe, ihre Gesundheit hat sich erholt – wann findet die Hochzeit statt? M. Ihr Bruder hat bereits einen Posten erhalten, ich habe es in der Zeitung gelesen, ich habe vergessen, um welchen es sich handelt – sein Schwiegervater, dem Finanzminister, wird es gewiss gelingen, ihm eine schöne Karriere zu ermöglichen – erzählen Sie mir von all dem, ich bitte Sie – So musste ich mit all diesen Herzrückfällen auf die Schweiz verzichten und konnte erst am 1. August in Bad Ischl eintreffen. Bei all diesen Rückfällen haben viele Ärzte mein armes gebrochenes Herz abgetastet und untersucht, und alle haben mir erklärt, als sie meinen Mut sahen (zu diesem Zeitpunkt war mein Mut nur die Gleichgültigkeit, zu leben und zu sterben), alle haben mir also erklärt, ich sage, dass ich todkrank sei, dass ich niemals geheilt werden werde, dass aber mein robuster Organismus gegen die Zerstörung kämpft und vielleicht noch lange kämpfen wird, wenn man sich um mich kümmert und wenn man diesem von der Bosheit der schrecklichen Menschheit zermalmten Herzen erlaubt, „tief durchzuatmen“. Meine Herzkrankheit ist dreifach: Vergrößerung, Erweiterung und Verhärtung – außerdem sammelt sich Wasser ums Herz und Gehirn ~ außerdem eine chronische Entzündung in der Wirbelsäule ~ alles in allem ein so trauriger Zustand, dass die Gefahr zu sterben die geringste der Gefahren ist, denen ich ausgesetzt bin: Meine Art von Krankheit führt zu Lethargie, die Ärzte, die sahen, dass ich allein war, warnten mich davor und gaben mir daher eine Bescheinigung für die Behörden des Landes, in dem ich eine Ohnmacht erleiden könnte, damit ich nicht lebendig begraben würde – all das ist kein Scherz – all das ist die Prüfung des Glaubens, der, auf Grund irgendeiner besonderen Bedeutung, die sich mit meiner Berufung verbindet, über die gewöhnlichen und normalen Grenzen in jeder Hinsicht hinausgehen muss. Ich kann nicht umhin, Ihnen zu diesem Thema etwas recht Merkwürdiges zu erzählen: Ich war sechseinhalb Jahre alt, saß mit einer meiner Kameradinnen auf dem Boden und spielte, wir sprachen über unsere Sünden, wir hatten Angst vor der Gerechtigkeit Gottes, die uns durch das schreckliche Bild der Hölle vor Augen geführt wurde, da sagte mir die Kleine plötzlich, dass es einen Weg gäbe, um von allen Sünden gereinigt zu werden: man müsse jemanden finden, der die Güte hätte, mich zu töten, weil die Sünden des Opfers auf den Mörder übergingen – ohne damals zu wissen, dass (dieser) jemand die Qual des Kreuzes auf sich genommen hatte, um meine „Purpurroten“ Sünden in etwas „Weißes wie Schnee“ zu verwandeln! Mit dem ganzen Egoismus der Kindheit begann ich Gott inständig zu bitten, mich töten zu lassen – im Alter von sechs Jahren begann ich, voller Bewunderung für die Märtyrer, mit all meiner Kraft den Wunsch zu hegen, für Gott zu sterben. –

Gott erfüllte mir die beiden Wünsche meiner Kindheit: man hat mich getötet – und ich sterbe für Gott.

Im Übrigen weiß ich nicht, warum ich glaube, dass ich noch nicht sterben werde – ich habe sogar das Gefühl, dass mein Glaube bereits in diesem Leben teilweise gekrönt werden wird in dieser sanften Brise der Hoffnung, die in meiner Seele weht, ist Gottes Wort, Gottes Geheimnis, Gottes Erlösung – meine furchterregenden Unterdrücker müssen sehen, wie sich „der Tag Gottes“ über meinem Haupt erhebt, das von ihnen zum Tod verurteilt ist. –

Ja, mein lieber Herr, so ist es heute um mich bestellt ! Auf Schritt und Tritt Angriffe auf mein Leben, russische Abgesandte, die im Voraus an die Orte geschickt werden, an denen ich wohnen oder die ich besuchen soll, um dort Verleumdung zu säen, Isolation und der Wirbelsturm der Wüste um mich herum, allein, ängstlich und sterbend – die Menge, die sich mir in den Weg stellt, Männer, die mir ihre Fäuste zeigen, Kinder, die mich mit Schlamm bewerfen – der Abschiedsruf: „Die Verrückte! die Verrückte“, denn sie nennen mich verrückt aus Angst, dass man glaubt, was ich sagen könnte – lautes Auflachen aus nächster Nähe – diese typischen Blicke, die nicht auf menschliche Wesen, sondern auf Dinge oder Verrückte gerichtet sind. Für Sie, für mich, für die Mehrheit der Lebewesen, ist Wahnsinn doch ein Unglück und kein Verbrechen, ich weiß nicht, wie sie meinen Wahnsinn erklären, aber es ruft eine hämische und zynische Entrüstung hervor. Über all dies hinweg Gott, der bei jedem Schritt Wunder schafft – ich will nur eines davon nennen: In Innsbruck hatte ich um ein kleines Gefährt mit einem Pferd gebeten und es auch zugesagt bekommen, man schickte mir aber eine Kutsche.8